Le plan grand froid, à 1 degré près, peut être activé ou désactivé par le préfet. C’est dans ce contexte de froidure qu’une salle d’un gymnase a été réquisitionnée depuis quelques nuits et fournit 35 lits de camp à ceux qui ne trouvent pas à se loger à l’accueil de nuit.
L’équipement se trouve à Nice-Nord (rue Cyrille Besset), c’est à dire assez loin de l’accueil de nuit situé dans le vieux-Nice. Nous sommes quelques un-e-s à rejoindre régulièrement les personnes sans abri sur les deux sites.
Il faut savoir que toutes ces personnes doivent attendre de longues heures dehors dans la vieille ville, afin d’obtenir un hébergement pour la nuit. A 17h, une première attente commence, les places au sein de l’asile de nuit du Cours Saleya étant attribuées en leur totalité vers 18h30. Ceux et celles qui n’ont pu obtenir une place doivent alors appeler le 115 afin d’obtenir un précieux sésame. Celui-ci est attribué à partir de 20h, toujours à l’asile de nuit : onze personnes prioritaires signalées par le 115 (femmes, personnes malades) obtiennent alors un lit d’urgence – les autres, au maximum 35 et uniquement des hommes, se voient attribuer un laissez-passer pour le gymnase de Nice-Nord. Dans ce labyrinthe temporel, il faut encore caser la distribution de nourriture qui a lieu à 19h30 derrière Acropolis ou place de la Libération.
Le lendemain, on recommence : attente, re-attente, laissez-passer, tramway, attente, la nuit au chaud, la journée dehors.
Parmi tous ces gens, il y a des demandeurs d’asile sans hébergement venus du coin le plus chaud de la planète, la Corne de l’Afrique. Beaucoup n’en veulent pas de cet « accueil » et préfèrent dormir dans le parking de l’avenue Jean Jaurès. On en a vu un l’autre soir s’approcher de l’accueil de nuit puis renoncer à ce circuit absurde.
La colère monte parmi eux : ils savent que des moyens existent pour permettre d’héberger les demandeurs d’asile, dans le respect du droit et des conventions internationales (du reste, certains demandeurs d’asile isolés et très minoritaires sont hébergés arbitrairement en Centres d’Accueil pour Demandeurs d’Asile à Nice ou ailleurs : c’est donc bien un choix politique d’organiser leur précarité). On leur a fait croire qu’on allait pouvoir les installer à Cantaron, dans un hôpital désaffecté, puis plus rien. Plusieurs associations ne cessent d’en appeler à la mobilisation des services de l’Etat. Si une réquisition n’a pas lieu (hôtel, immeubles vides etc…), il faudra loger toutes ces personnes à l’hôtel comme on le fait déjà pour les demandeurs d’asile avec des enfants.
Quoi qu’il en soit, le droit doit s’imposer par l’égalité de traitement de tou-te-s les demandeur-se-s d’asile. Il en va du succès de leur demande d’asile.
Par ailleurs, les usagers de l’accueil de nuit doivent pouvoir bénéficier de conditions dignes d’hébergement et de la sécurité d’un toit durant tout l’hiver, en ne subissant pas l’accablement supplémentaire d’une attente et d’une itinérance nocturne d’un point à l’autre de la ville.
Nous exercerons une veille hivernale sur ces situations. Si des actes concrets ne sont pas posés ces jours-ci, il faudra bien que le milieu associatif prenne une initiative de mise à l’abri de ces personnes malmenées.
Teresa MAFFEIS, ADN, Bernard NEUVILLE, vie&partages Radija ARABATZIANE, vie&partages
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