Poursuivis pour avoir donner à manger aux réfugiés

A l’initiative de Roya Citoyenne, depuis des mois, nous sommes nombreuses et nombreux dans tout le département des Alpes Maritimes mais aussi du Var, à aller chaque soir à Vintimille afin de donner à manger aux réfugiés qui dorment dehors. Nous leur portons également des vêtements.

Le maire de Vintimille, Enrico Ioculano, a promulgué un arrêté interdisant à toute personne non autorisée de distribuer de la nourriture, invoquant l’hygiène alimentaire.
Chaque soir, nous devons essayer d’éviter la police qui a l’ordre de nous interdire de le faire. Jusqu’à présent, les policiers se contentaient de nous rappeler que c’était interdit, mais étaient plutôt compréhensifs et sensibles à la démarche, et cela n’allait pas plus loin.

_DSC5779Mais, le 1er mars, un groupe de distribution s’est fait interpellé, emmené au commissariat, et a du subir : interrogatoire, prise de photo et d’empreinte. Tout cela sous forme d’avertissement, mais sous menace voilée aussi de poursuites. Lundi 20 mars, de nouvelles arrestations ont eu lieu avec annonce de poursuites judiciaires.
Nous continuons, mais devons faire preuve d’inventivité pour échapper à la police et donner un peu de réconfort aux réfugiés.

A Vintimille, les familles avec enfants, les mineurs de moins de 16 ans et les femmes sont accueilli+es à l’église San Antonio, et la solidarité des italiens qui s’en occupent est très forte et vient de toute l’Italie. Le camp géré par la Croix Rouge Italienne (CRI) accueille les hommes majeurs uniquement. Ce centre a fermé en début février pour travaux de maintenance et rouvert partiellement mi-mars. Beaucoup de réfugiés arrivent et tant qu’il n’y n’aura pas toutes les places d’hébergement disponibles, ce sera un problème.
La CARITAS offre un repas chaud le midi en plus d’un sachet de nourriture et d’une boisson chaude. Maurizio. Marmo de la Caritas déclare : « …malgré toutes ces aides et la mobilisation de bénévoles, ce n’est pas suffisant, et s’il il y a besoin d’une aide alimentaire, il faut trouver une façon de le faire. Trois centres c’est important, mais à partir du moment où ce n’est plus suffisant, il faut songer à une autre alternative. Le fait que l’on puise en arriver à des poursuites ou des amendes est excessif. Il faut unir nos forces ».

En Italie, des voix comme celle de Roberto Saviano s’élèvent contre de telles mesures répressives, réclament la levée de l’arrêté du maire de Vintimille et créent le « Comité pour les immigrés et contre toute formes de discriminations ».

Les maraudeurs espèrent rencontrer le maire de Vintimille prochainement, mais nous continuons.
Donner à manger est plus qu’un devoir.

L’équipe des  maraudeurs AdN