Pas de réquisition de citoyens pour expulsions de réfugiés vers le Soudan.

Courrier adressé par de nombreuses associations de la région.
dont l’AdN
Vous pouvez également en faire de même

Monsieur Le Préfet,(Copie au Ministre de l’Intérieur M.Cazeneuve )

p1280960Par le biais du GISTI (groupe d’information et de soutien des immigrés) et par la presse italienne, nous apprenons que l’Italie a expulsé des Soudanais vers leur pays d’origine dirigé par un dictateur, Omar el-Béchir, qui est sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par la Cour Pénale Internationale pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre depuis mars 2009.

Les exilés contrôlés à la frontière de Vintimille, côté français, sont renvoyés systématiquement en Italie qui procède à des expulsions collectives vers des pays où ces personnes craignent pour leur sécurité et pour leur vie, ce qui est interdit par l’article 4 du protocole 4 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme (CEDH).
Pour procéder à ces expulsions vers l’Italie, rendant ainsi la France coupable de collaboration à ces expulsions forcées, vous avez  réquisitionné,  le 5 août 2016 au soir, le bus d’une entreprise de transport en commun et par la même son chauffeur  avec le concours de la police nationale.

Connaissant la destination des exilés, le chauffeur, après avoir pris contact avec sa hiérarchie, a refusé d’exécuter cette tâche et, en toute conscience, ne s’est pas plié aux ordres, ce qui est tout à son honneur de citoyen.
Il a cependant été accusé par sa direction de faute grave, et menacé de sanctions disciplinaires sous prétexte de « ne pas avoir à refuser d’exécuter son travail et de discuter des directives des forces de l’ordre », et donc de vos instructions.

Nous vous demandons, Monsieur le Préfet, de bien vouloir retirer vos directives consistant à demander à des citoyens, dans le cadre de leur fonction et de leur travail, de livrer à un pays, l’Italie, des personnes qui vont être expulsées vers des pays tel le Soudan, dictature sanglante bafouant les décisions de la CEDH, organisme supra national.

En effet, il est inscrit dans  notre déclaration des Droits de l’Homme de 1789 :

Art. 2. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression.
Et dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 ;
Art. 13. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat.
Art. 14. Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays.

Ces réquisitions et transports forcés  peuvent et doivent faire l’objet de résistance et désobéissance civique comme l’autorise le code pénal, articles 122-4 et 213-4, qui justifient que l’on refuse un acte conduisant à un crime contre l’humanité et que la résistance passive dans ce type de situation n’est pas constitutive de rébellion.
Face à l’ordre de réquisitions, nous ne pouvons nous empêcher de penser à un passé peu glorieux et à tout ceux qui furent transportés vers des camps et vers leur  mort.
Le gouvernement italien a passé des accords honteux avec le dictateur Omar el-Béchir. Ne rendez pas la France complice de ce crime ! Nous, citoyen-ne-s, exigeons que cessent ces réquisitions et cette collaboration qui violent les droits humains.

Recevez, Monsieur le Préfet, nos salutations citoyennes.