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Toutes aux frontières.
13 février 2021 : lumière sur le naufrage invisible du 9 février 2020
Lecture : Les Sentinelles – chroniques de la fraternité à Vintimille.
Cela fait plus de cinq ans que la frontière franco-italienne est désormais fermée à ceux et celles prétendant à une vie meilleure dans notre pays, ou plus loin sur la route. Cette tranche d’histoire est l’objet de ce livre co-écrit par Teresa (de l’AdN) et Aurélie (journaliste), aux éditions Max Milo. Vous y trouverez également des contributions de Enzo Barnaba, Philippe Jérôme et André Tosel, ainsi que des illustrations de Baudoin, Ernest Pignon-Ernest et Jacques Ferrandez. Toutes les infos sur la sortie et les présentations du livre en librairie sur la page Facebook. N’hésitez pas à la partager et à commander l’ouvrage chez votre libraire !
Extrait de la 4ème de couverture : Vintimille, ville-frontière italienne, supermarché des Azuréens en quête de cigarettes à prix cassé, s’illustre pour une autre spécialité : le transit de migrants. Fuyant l’horreur des zones de conflits ou la brutalité des dictatures, ce sont des milliers de jeunes hommes, femmes et enfants qui trouvent refuge dans cette ville balnéaire et ses montagnes environnantes. Pour leurs venir en aide, de nombreux citoyens, connus ou inconnus, boulanger ou retraité, princesse ou ouvrier, anarchiste ou curé, se mobilisent. Ils collectent des vêtements et de la nourriture, manifestent avec les réfugiés, dénoncent l’illégalité de pratiques policières et beaucoup doivent se défendre devant les tribunaux. Dans ce journal de bord, Teresa Maffeis et Aurélie Selvi souhaitent leur rendre hommage en racontant l’histoire de la fraternité que ces insurgés écrivent depuis cinq ans.
Quelques réactions de lectrices et lecteurs
Emile : Les migrants abandonnent leur pays, et nous, c’est notre pays qui nous abandonne.
Comme des sentinelles, vous montez la garde au-dessus du quotidien pour que la liberté ne nous quitte pas.
Comme des sentinelles, avec pour seules armes vos bras tendus, ouverts à l’accueil et votre humanité vous êtes postés sur les hauteurs de nos valeurs pour que vivent le droit d’asile et le devoir de solidarité.
Comme des sentinelles, vous regardez au plus loin de l’histoire humaine où les hommes nomades et libres de se déplacer sur cette planète ne rencontraient pas de frontières.
Comme des sentinelles, vous nous prévenez des risques de basculement de notre monde dans l’enfermement et dans la perte d’humanité.
Comme des sentinelles, vous nous appelez au partage sans discrimination et au bonheur qu’engendre cette fraternité d’habitants du même monde.
Comme des sentinelles, vous nous éclairez comme les esprits des lumières qui ont fondé la révolution française en permettant la fin du privilège de classe pour que nous mettions fin au privilège du lieu de naissance.
Raphaël: Il faut lire ce livre. La façon dont les autorités ont réagi à l’arrivée des migrants est révoltante et même souvent illégale, puisqu’un préfet a été plusieurs fois condamné par la justice pour le traitement qu’il a réservé à des mineurs. Mais des dizaines de citoyens, parfois des militants de longue date, parfois des personnes qui s’engageaient pour la première fois, ont fait preuve d’une grande solidarité envers ces personnes qui en avaient bien besoin ; ça, c’est réconfortant. Le livre raconte ces deux aspects, ainsi que le combat judiciaire que de nombreux solidaires ont dû mener. Après sa lecture, on se sent donc à la fois révolté et réconforté, mais surtout éclairé.
Patricia : Lire ce livre a été un parcours difficile mais qui ouvre les yeux à la réalité. Merci Teresa et aussi Aurélie. Je vous conseille de le lire, il vous touche au cœur et vous fera beaucoup de bien.
Bea : J’avais tremblé en ouvrant ce livre ; dérouler la pelote de ces cinq dernières années m’émouvait au delà du raisonnable. Aucun des évènements et des acteurs cités ne m’étaient inconnus. Intimement persuadée que ma place aurait dû être à cet endroit devenu frontière, j’avais été avec, tout en étant hors de l’essentiel , être parmi. Cet ouvrage s’adresse aussi fraternellement à nous, les absents. Merci pour cela.
Caterina R : Ho letto “Les Sentinelles”: grazie per la raccolta di testimonianze, la concretezza, il far emergere l’impegno di tanti che, se frequenti conosci, ma altrimenti non si vede o si vede solo in parte. Spero ci possa essere presto una traduzione italiana.
Agnes L : Un petit mot juste pour dire que j’ai trouvé ce livre très bien (je viens de le lire), très juste, touchant sans misérabilisme… Bravo pour tout ce boulot d’écriture et pour le reste aussi bien sûr, c’était intéressant de se replonger dans l’histoire du point de vue des gens, complémentaire de l’histoire du point de vue des chercheurs.
Loic : Être dans le train entre Breil et Nice en début de lecture des Sentinelles de Teresa Maffeis et Aurelie Selvi lorsqu’à Sospel les FDO traversent le wagon, te fixent rigoureusement afin de déterminer la « validité » de la couleur de ta peau, appliqués à déjouer les pièges potentiels du port du masque obligatoire et du manque de lumière matinal ; ça donne une toute autre dimension à la lecture de l’ouvrage. Le sens des mots et les émotions qu’ils procurent se décuplent. J’espère qu’un jour ceux qui liront ce livre en se rendant au travail ne vivront plus la réalité retranscrite et pourront confortablement se dire : « quelle époque médiocre et absurde. »
Serge : Des frontières et des hommes – Voilà un petit bouquin qui fait du bien. D’abord , surtout et avant tout, en donnant un visage à ces personnes qu’on regroupe sous le vocable de « migrants », gommant ainsi des individus, des parcours niés dans leur singularité humaine. Les auteures nous livrent la chronique d’une action solidaire fondamentale, le récit des batailles militantes, juridiques, politiques ou policières, la triste comptablité des vies perdues sur le chemin de l’espoir. Mais elles nous livrent aussi des portraits touchants parce que vrais. Ainsi de ce jeune homme s’écroulant d’épuisement dans son blouson fashion, mais trop grand pour lui ; de ces gamines qui adoptent comme papa le cuistot du refuge, lui offrant, après une vie difficile (c’est un ancien migrant calabrais, tant la scission pays riche/pauvre peut parfois s’inscrire dans les propres frontières d’une nation) un peu de joie contre son dévouement … Il ne s’agit pas de sensiblerie ni de misérabilisme : juste d’une leçon d’humanité et d’optimisme entêté. Peut-être aussi l’occasion de réfléchir à cette absurdité d’ériger des frontières (qui officiellement n’existent pourtant plus) pour « protéger » une Europe vieillissante de ce qui est sûrement une chance pour elle : un sang neuf, des citoyens courageux (il en faut quand même pour quitter son ciel, son pays, les siens) et plein d’espérance. La jeunesse, l’espoir et le courage, est-ce trop pour nous ?
Annabelle : A peine après avoir fini, la lecture de votre livre : Les Sentinelles : chroniques de la fraternité à Vintimille, il m’a paru évident de vous écrire. Je souhaite vous dire un grand MERCI ainsi qu’à Aurélie SELVI, pour cet écrit fruit d’un travail remarquable d’investigation: de rassemblement de témoignages TRÈS riches . Tout d’abord la lecture fut agréable, du fait de la qualité de l’écriture. Le format, la mise en page et les très belles illustrations y ont également contribué. De plus, j’ai beaucoup apprécié votre souci (permanent dans le livre) de mettre en avant les différents acteurs qui contribuent à cette »fraternité » à Vintimille. Vous nous proposez donc une approche globalisante et intéressante, ne laissant pas de côté, aucuns protagonistes de cette solidarité dans la Roya. Ces différentes personnes respectables par leurs convictions, trop souvent « oubliées » de l’Histoire, grâce à vous en font dès lors partis. Quant aux fervents défenseurs des frontières, notamment à Eric CIOTTI et ses sbires, sous prétexte « qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde », nous pouvons leur préconiser une lecture sérieuse (voir plusieurs) de votre livre, afin qu’ils prennent conscience des vies qu’ils ont gâchés voir tués, en s’opposant en permanence aux actions des « insurgés. ».. En ces temps compliqués et reconfinés, j’ai comme vous (cf. le virus du repli), une pensée particulière à ces hommes et femmes en exil, qui sont davantage bloqués aux frontières, dans des conditions précaires et sanitaires à déplorer. J’imagine également, que suite au dernier attentat terroriste à Nice, le contrôle à la frontière franco-italienne a été endurci… Enfin, j’espère qu’après lecture de votre ouvrage, grand nombre réaliseront, que nos gouvernement en mettant des « oeillères » sur la question migratoire ,sont en train de lancer une bombe à retardement qu’il sera difficile de désamorcer, si nous attendons trop longtemps. D’aucuns diraient , « Egoïste rime avec réussite, mais la pitié amène à l’Humanité ».
- La Strada – 17 juin 2020
- France Bleu- 18 juin 2020
- Actualités Sociales Hebdomadaires – 18 juin 2020
- Ligne 16 – 20 juin 2020
- France Inter et France Info – 21 juin 2020
- Monte Carlo News – 21 juin 2020
- Nederlands dagblad – 22 juin 2020
- Radio Nizza – 23 juin 2020
- La Croix – 23 juin 2020
- L’Avvenire – 23 juin 2020
- L’Humanité – 24 juin 2020
- Kiss FM – 30 juin 2020
- Libération – 1er juillet 2020
- 20 Minutes – 1er juillet 2020
- Teller Report – 1er juillet 2020
- Archyde – 1er juillet 2020
- Reportage France 3 Côte d’Azur sur le livre et la situation des réfugiés à Vintimille – 2 juillet 2020
- Emission « Alter Regard » sur Agora Côte d’Azur – émission du 3 juillet 2020
- Au féminin – 8 juillet 2020
- Nice Matin – 9 juillet 2020
- Monaco Matin – 9 juillet 2020
- Mistral Radio – 31 juillet 2020
- Kiss FM – 31 juillet 2020
- Radio Emotion – 31 juillet 2020
- So Sweet Planet – 27 août 2020
- Le Ravi – 1er septembre 2020
- France Inter / Augustin Trapenard – 12 janvier 2021
- Radio Grenouille – 22 juin 2021
- chronique sur le site des Amis de la Liberté
Derrière les chiffres de 2020, poursuite politique migratoire restrictive pendant la pandémie
COMMUNIQUÉ DE PRESSE DE LA CIMADE
22 janvier 2021
Le ministère de l’Intérieur a publié les premières statistiques concernant l’immigration et l’asile en 2020. La baisse spectaculaire des délivrances de visas et de titres de séjour comme celle des demandes d’asile s’explique en grande partie par la crise sanitaire.
Le ministère de l’Intérieur a publié les premières statistiques concernant l’immigration et l’asile en 2020. La baisse spectaculaire des délivrances de visas et de titres de séjour comme celle des demandes d’asile s’explique en grande partie par la crise sanitaire. Mais la poursuite d’une politique migratoire restrictive a généré de multiples atteintes aux droits des personnes étrangères. De nombreuses voix dont celle de La Cimade se sont élevées pendant l’année pour demander au Gouvernement de lancer une vaste campagne de régularisation et de suspendre sa politique d’enfermement et d’expulsion. Elles n’ont pas été entendues. Cette pandémie associée à la politique actuelle a malheureusement pour effet de précariser davantage les personnes étrangères, et cela en métropole comme en Outre-mer.
Sans surprise, la fermeture des frontières décidée en mars et le fonctionnement réduit des préfectures et de l’Ofpra ont entraîné un effondrement du nombre de visas d’entrées, des titres de séjour délivrés et une baisse importante des demandes d’asile. Le nombre de visas délivrés est en effet passé de 3,5 millions à 712 000, celui des premiers titres de séjour de 277 406 à 220 535 et celui des demandes d’asile enregistrées de 143 000 à 93 416.
Derrière ces chiffres, La Cimade a constaté en 2020, dans son rôle d’accompagnement sur le terrain des personnes étrangères, la persistance et parfois l’aggravation des violations des droits fondamentaux des personnes étrangères.
A nos frontières, les violations se sont poursuivies tout au long de l’année. Les privations de liberté ont continué dans des conditions indignes. Les autorités françaises ont aussi continué à refouler des personnes, notamment vers l’Italie, même lorsque le pays était l’un des épicentres de la pandémie. Et cela à l’encontre d’une décision récente du Conseil d’État qui a sanctionné ces pratiques.
La fermeture complète des préfectures puis leur réouverture partielle, associée à la difficulté pour obtenir un rendez-vous sur internet et à l’obligation de déposer des demandes de façon dématérialisée, a conduit à cette chute du nombre de titres de séjour délivrés. Et malgré les très fortes mobilisations pour demander une large régularisation, le Gouvernement est resté sourd à ces revendications.
En ce qui concerne le droit d’asile, les préfectures ont limité l’enregistrement des demandes et l’Ofpra a allongé ses délais d’instruction, ce qui aura pour conséquence une baisse du nombre de nouveaux réfugiés. Le dispositif d’accueil reste saturé et les personnes qui n’ont pu accéder à une place d’hébergement ont vu leur allocation pour demandeurs d’asile réduite. En Outre-mer, en raison d’un dispositif d’accueil totalement défaillant des centaines de personnes vivent actuellement dans des campements.
Dans les prisons, au contexte carcéral dégradé auquel sont confronté.e.s les détenu.e.s, est venue s’ajouter l’impossibilité pour les personnes étrangères d’un accès au droit, faute de la présence pérenne d’associations ou d’intervenant.e.s juridiques en raison de la crise sanitaire.
L’enfermement en Centres de rétention, qui précède l’expulsion des personnes étrangères, a été largement détourné. Du fait de la fermeture des frontières et de la suspension des vols, les expulsions ont été en effet pratiquement impossibles. Le Gouvernement a dû affréter plusieurs vols avec l’assistance parfois de l’agence Frontex et ce malgré les recommandations de l’Oms visant à limiter l’exportation du virus. Les centres de rétention ont été maintenus ouverts et les personnes enfermées n’ont pas été libérées, malgré les demandes d’associations comme La Cimade ou la Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, de la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté et du Défenseur des droits. Les conditions sanitaires n’y étaient pourtant pas assurées et plusieurs clusters y ont été décelés tout au long de l’année.
La Cimade revendique l’arrêt de cette politique d’enfermement et d’expulsion.
Elle demande la fermeture des centres de rétention administrative. Elle appelle aussi le Gouvernement à modifier profondément la politique migratoire de la France et à régulariser de façon large les personnes étrangères présentes sur son territoire .