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Association pour la déciottisation de Nice

L’occasion était trop belle – ou plutôt nécessaire, en ce moment – de distordre un peu le patronyme de notre association, après 33 ans d’existence.
Le verdict des urnes du dimanche 30 juin est plutôt fidèle à ce que nous attendions dans notre département, inutile donc de s’y attarder. Il est par contre, encore une fois, nécessaire de limiter la catastrophe qui s’annonce – tant au niveau local que national. Rappelons que le Rassemblement National pourrait obtenir la majorité absolue le 7 juillet prochain, ou du moins une majorité suffisamment forte pour ensuite nouer une alliance avec quelques députés de droite sans vergogne. Chaque député compte. Empêcher l’élection du candidat Rassemblement National dans votre circonscription peut s’avérer d’une importance capitale au Palais Bourbon et/ou à Matignon.
Le Rassemblement National a déjà stocké dans sa vilaine besace les 4° et 6° circonscriptions, et compte également la victoire du candidat ciottiste dans la 5°. Il reste donc encore six circonscriptions où l’extrême-droite peut et doit être contrée dans notre département.
Bien évidemment, l’AdN appelle les électrices et les électeurs à faire barrage de tout leur vote aux partis de la haine. Cela pourra passer par le soutien à des candidates et candidats dont nous avons souvent combattu les idées et les pratiques. Toutefois, les mouvements politiques républicains ont toujours admis leur défaite lorsque celle-ci se présentait. L’extrême-droite, surtout lors d’un enjeu national, nous semble loin d’offrir les mêmes garanties. Les comportements de Trump ou Bolsonaro sont encore dans les mémoires. C’est un aspect non programmatique de ce parti qu’il faut donc prendre en compte, sans oublier leur éternelle obsession pour une « pureté française » fantasmée qui s’accompagne de la suppression totale du droit du sol et d’une catégorisation à part des binationaux. Dans notre région, la schizophrénie règne : du côté des responsables politiques, la volonté de s’axer sur le tout sécuritaire avec force de caméras mais aussi de policiers et militaires surarmés dans nos rues ; du côté des militants, de trop nombreuses agressions racistes et homophobes, verbales et physiques, le tout-violence. Ces deux faces de la même pièce idéologique ne feront que s’affirmer en cas de prise de pouvoir par l’extrême-droite. Est-ce dans ce pire des mondes que nous voulons vivre ?

1° circonscription : les trois candidats restants sont Eric Ciotti (leader de l’Union des extrême-droites), Olivier Salerno (Nouveau Front Populaire) et Graig Monetti (Horizons, poulain d’Estrosi). Le débat télévisé entre les trois candidats, le 3 juillet sur France 3, a plutôt été dominé par la cacophonie imposée par les deux candidats de droite. Dans ce combat de coquelets, les coups ne furent d’ailleurs pas réellement portés tant leurs programmes sont au final assez proches. Qui pourrait d’ailleurs croire le contraire ? S’appuyant au niveau national sur un modèle policier tout répressif et algorithmique, et au niveau local par une culture soit muséifiée soit de masse et totalement commerciale, les deux candidats n’offrent qu’une seule garantie, celle de continuer à orienter notre département toujours plus au fond à droite. Graig Monetti fait par ailleurs preuve d’une inconscience totale en maintenant sa candidature alors qu’il n’est arrivé que troisième au premier tour. Nous lui demandons, bien entendu, de bien vouloir se retirer du second tour, et appelons sans ambiguïté à voter pour Olivier Salerno, le candidat le mieux placé pour éjecter au loin les idées et les pratiques du palhaso Ciotti.

2° circonscription : Les deux candidatures restantes sont celles de Leïla Tonnerre (Nouveau Front Populaire) et Lionel Tivoli (Rassemblement National). Bien évidemment, nous appelons à voter en masse pour la première.

3° circonscription : Laure Quignard (Nouveau Front Populaire) sera face à Bernard Chaix (Union des extrême-droites). Suite au retrait responsable, et que nous saluons, de Philippe Pradal (Horizons), le choix de l’AdN se porte sur la candidate du NFP.

7° circonscription : Eric Pauget (Les Républicains), pour les raisons expliquées plus haut, doit être soutenu dans les urnes face au candidat du Rassemblement National, Thierry Ferrand.

8° circonscription : tout comme dans la 7°, l’AdN demande aux électeurs et électrices d’apporter leurs suffrage à Alexandra Martin (Les Républicains) face à Dorette Landerer (Rassemblement National).

9° circonscription : là encore, il est essentiel que Franck Galbert (Rassemblement National) ne soit pas élu face à Michèle Tabarot (Les Républicains).

A propos de Nice, du racisme, de l’antisémitisme et de l’homophobie.

Communiqué de l’AdN au Rassemblement contre l’antisémitisme et toutes les déclinaisons du racisme du 23 juin 2024. [Note : la liste ci-dessous n’est évidemment pas exhaustive].

Les horribles faits de sociétés rapportés ces derniers jours donnent la mesure du chemin qui nous reste à parcourir jusqu’au monde où chacun et chacune aura dignement sa place.

Ces actes sont parfois commis par des individus heureusement isolés. Mais ils découlent souvent, dans leur triste banalité, de notre histoire coloniale et religieuse ; ils suivent aussi les marées savamment entretenues par des personnalités politiques et des médias faisant commerce de la haine, estimant leurs bénéfices en sièges électoraux.

De ce côté-là, rien de bien neuf sous notre soleil.

En effet, qui se souvient …

  1. Que Nice fut jumelée avec Cape Town, en Afrique du Sud, du temps de l’apartheid ?
  2. De Jacques Médecin justifiant sa raillerie sur ses colistiers israélites : «En tant qu’homme politique, je suis obligé de choisir entre les 20% du Front national et les 4% que représente le vote juif» ?
  3. De cette boucherie halal ravagée par un incendie criminel dans le quartier Notre Dame ?
  4. De la lettre qui suivit, adressée par le député Christian Estrosi à ses administrés – dans laquelle il s’indignait uniquement que l’on ait autorisé un tel établissement à ouvrir ?
  5. De Jacques Peyrat, stratège démissionnaire du Front National et derrière lequel toute la droite locale RPR et UDF se rangea – une fois qu’il fut élu Maire de Nice ?
  6. Des propos d’un animateur lors d’une réunion publique d’un de ses comités de quartier, ponctuant l’une de ses tirades sur les mendiants (dont beaucoup de roms, européens de l’Est et africains) par : « on les enverra plus vers le Nord, et on ne peut quand même pas les tuer !» ?
  7. De la position de Jacques Peyrat, assimilant l’homosexualité à la pédophilie et à la pornographie ?
  8. Du même Jacques Peyrat déclarant : « L’immigration c’est comme la poussière, je ne peux que la déplacer » ?
  9. Que Jacques Peyrat fut alors interdit de présence à l’hommage de la Communauté Juive aux victimes mortes en déportation durant la deuxième guerre mondiale, car il avait passé 7 ans au FN ?
  10. Des plaintes pour agression déposées contre le GUD et mystérieusement évaporées du Palais de Justice avant que les dossiers ne soient instruits ?
  11. De la soupe au cochon distribuée par l’identitaire Philippe Vardon aux sans-abris, excluant de fait juifs et musulmans ?
  12. Des arrêtés anti-drapeaux étrangers, anti-roms, anti-youyous lors des mariages, tous pris par Christian Estrosi ?
  13. Des destructions méthodiques des campements roms, ruinant les mois d’efforts des associations ayant œuvré à la scolarisation des enfants qui y vivaient ?
  14. La fermeture de la frontière de Vintimille depuis le 9 juin 2016, sous le gouvernement de Manuel Valls (puis Cazeneuve, Philippe, Castex, Borne et Attal), pour les personnes n’ayant pas la bonne couleur de peau ou la bonne religion ? Il y a 8 ans que cela dure.

Enfin, qui se souviendra qu’en juin 2024, Eric Ciotti, député niçois sortant, a livré en Anschluss son propre parti à ce fascisme qui voudrait tant venir ?

Alors non, le Front National n’a pas changé, il est simplement devenu le RN, Racistement National. Et, dans notre région, ses alliés politiques sont toujours aussi nombreux. A nous de leur faire barrage.

Le 30 juin et le 7 juillet – pas une voix pour les candidat.es marchand.es d’intolérance, ni pour leurs allié.es – et, encore une fois, abstenons-nous de nous abstenir !

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Sources :
(1) Le Monde, 09/07/1974 ; (2) Alain Garrigou, revue Causes Entendues, 1992 ; (3) & (4) courrier du 08/03/1993 ; (5) Le Monde, 22/06/1996 ; (6) témoignage d’une personne dans l’assistance ; (7) Nice-Matin, 21/09/1996 ; (8) Conseil Municipal du 08/08/1996 ; (9) France 3 Côte d’Azur, 12/11/1999 ; (10) Nice-Matin, 07/10/1999 ; (11) Nice-Matin, 20/01/2007 ; (12) France 3 Nice, 05/07/2014 ; 19/10/2013 ; 04/06/2012 ; (13) France 3 Nice, 23/04/2014 ; (14) Aurélie Selvi & Teresa Maffeis, livre Les Sentinelles, 2020.

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Photo : Olivier Baudoin, 1992

Contre toutes les haines : deux rassemblements à Nice

Deux rassemblement auront lieu à Nice Dimanche 23 juin.

  • Le premier, place Garibaldi à 15h, Rassemblement contre l’antisémitisme et toutes les déclinaisons du racisme. Toutes les forces démocratiques appellent à un rassemblement contre la montée des actes racistes et de leur instrumentalisation politique à l’approche des élections:
    – ignoble viol antisémite d’une adolescente
    – assassinat d’une femme parce que Rrom
    – inscriptions islamophobes sur des mosquées
    – propos racistes contre une soignante dont la peau est noire …
    Cela doit cesser !
    Halte à tous les racismes – antisémitisme, négrophobie, antitsiganisme, islamophobie …
    Nous devons vivre ensemble pacifiquement, dans le respect de nos différences qui sont une richesse.
  • Le second, place Île de Beauté à 16h, sera la Pink Parade qui s’inscrit dans le mois des fiertés LGBTQIA+. C’est une parade festive mais de nombreuses associations et personnes y seront présentes sur un mode plus militant afin de réaffirmer leurs droits et leur diversité.

Abstentionniste : la République, c’est toi aussi !

Selon une tendance constante depuis 1980-1990, les élections législatives sont de plus en plus boudées. Si la participation était alors de l’ordre de 80% au premier tour, elle était d’à peine 50% en 2022. Environ un tiers des votants de 1981 s’est donc volatilisé malgré la stabilité des inscriptions sur les listes électorales (environ 90% des personnes ayant le droit de vote sur notre territoire). A contrario,  les élections présidentielles mobilisent plutôt bien la population, alors que les élections européennes voient la participation s’accroître régulièrement depuis 2009. La représentation nationale n’a donc pas franchement le vent en poupe. Et pourtant, elle décide de notre quotidien, bien plus que le Parlement Européen ou notre Conseil Municipal.

Le profil des abstentionnistes s’est affiné au fil du temps : l’abstention devient de plus en plus importante dans les couches les plus populaires (avec un écart actuel d’environ 30% avec les classes les plus bourgeoises), dans les métropoles et leurs banlieues, chez les personnes les moins diplômées, chez les ouvriers et les employés. Le scrutin législatif suscite également une désaffection croissant avec la jeunesse des citoyen.nes. Enfin, on constate également une diminution de l’intérêt envers le vote de la part de la population d’origine étrangère.

Cette chute progressive est parfois interprétée comme la marque d’un individualisme plus prégnant, le vote étant désormais considéré plus comme un droit classique que comme un devoir moral – et dont chacun.e use de manière intermittente au gré de ses propres préoccupations. D’ailleurs, l’abstention – premier mouvement politique de France ? – est de plus en plus présentée comme un choix politique et non comme un désintérêt envers la chose politique. Quoi qu’il en soit, la conséquence en est à la fois dramatique et potentiellement inéluctable : le corps électoral est sociologiquement de plus en plus déconnecté de l’ensemble de la population. Fort logiquement, la nature des élus et la politique menée suivent le mouvement et nos député.es ne sont plus représentatifs que d’une minorité (avec par exemple la disparition quasi-totale d’ouvriers à l’Assemblée Nationale). En retour, cette déconnection croissante démotive d’autant plus les classes qui rechignaient déjà à voter. Et le jeune, économiquement modeste, d’origine étrangère, finira par devoir vivre dans une société établie par et pour des vieux, riches et plutôt blancs. En clair, un piège s’est mis en place : abstentionniste, moins tu votes maintenant et moins tu auras envie de voter plus tard – il te faut sortir de cette spirale sans attendre. Notre biodiversité politique pourrait disparaître par ce simple mécanisme, démocratique dans sa forme, sans nécessairement attendre la mise en place d’un régime purement autoritaire.

Toutefois, les déçu.es de la politique en général et de ses représentant.es ne s’abstiennent pas dans leur ensemble : à la Présidentielle de 2017, environ la moitié de ces personnes ont voté pour la candidature estimée comme la moins pire. Avant de s’abstenir, il faut donc réaliser cet exercice minimal : classer toutes les candidatures par ordre de préférence. Puis, faire face à sa propre responsabilité : car ne pas voter pour la candidature dont on se sent le plus proche fait automatiquement monter le score de celles dont on se sent le plus éloigné. Ce sont les mathématiques qui le disent. D’un point de vue très concret, un comportement différent des électeurs et électrices lors des législatives de 2022 aurait pu changer la donne : au premier tour, la NUPES recueillit 25,66% des suffrages, juste derrière la majorité présidentielle (25,75%). Or, les électorats de Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot ne se sont mobilisés qu’à hauteur de 50% – alors que ceux d’Emmanuel Macron et Valérie Pécresse ont voté à 60%. Même s’il faut tenir compte du fait qu’il s’agit d’un scrutin de type majoritaire à deux tours, cette abstention différenciée a forcément pénalisé les forces progressistes et favorisé le bloc libéral. Mais connaître son existence et son effet donne aussi l’espoir de ne pas se faire avoir une nouvelle fois, à condition de se déplacer aux urnes.

Un dernier mot sur les investitures et les lamentables règlements de compte qui ont touché le Front Populaire, écornant si tôt de belles pages encore à écrire : le phénomène n’est pas nouveau, en temps de crise et d’élection, la démocratie parfois s’égare. Mais l’urgence est ailleurs : certains médias sont trop heureux de faire diversion face à la pantalonnade du camp Ciotti. Ne gâchons donc pas la possibilité de faire la fête dans cinq cent soixante-douze circonscriptions pour cinq conflits de casting et de personnes. Surtout quand, en face, la droite précédemment républicaine s’offre lascivement en Anschluss au fascisme qui voudrait tant venir.

Le 30 juin et le 7 juillet, à Nice et ailleurs, votons en masse contre l’extrême-droite – qu’elle soit masquée ou non.

Abstenons-nous de nous abstenir !

 

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Sources des données :

Photo : Jean-Pierre Rey