Une histoire tristement quotidienne.

Malgré 2 mois bloquée en Italie Fatou vient de m’annoncer toute heureuse qu’elle a eu son bac avec mention. Voici son Histoire tristement quotidienne.

Fatoumata (appelons la Fatou) est de nationalité sénégalaise. Mais Fatou n’a jamais vu le Sénégal. Elle est née en Italie dans une grande ville du nord . Depuis 5 ans, elle vit dans une grande ville du sud de la France , avec sa mère, depuis la séparation de ses parents. Inscrite dans un lycée de la ville, elle est en terminale et a de bons résultats scolaires.
En février 2017, elle doit renouveler sa carte de libre circulation en Europe et retourne en Italie. Elle en profitera pour voir son père et passera quelques jours dans une famille qu’elle a connue dans son enfance.
On lui déclare, quand elle fait sa demande de renouvellement, que la carte n’arrivera que dans quelques semaines à son adresse en France, mais qu’on lui délivre un récépissé qui lui permettra de circuler librement.
Les vacances finies elle retourne en France. Ou plutôt, elle prend la direction de la France…. Où elle ne pourra entrer.
A la frontière de Menton, elle rencontre un groupe de policiers qui l’interpellent puisqu’elle est « de couleur ».
On examine ses papiers.
La plupart des policiers sont prêts à lui permettre l’accès au pays. Sauf que… Sauf que celui qui semble être, selon Fatou, le chef du peloton ne l’entend pas ainsi et lui interdit l’accès. Il lui ordonne ensuite de prendre ses affaires (deux grosses valises) et de se débrouiller pour retourner d’où elle vient. Comme elle prend quelques instants pour retrouver ses esprits et se préparer à partir, le pandore obtus lui enjoint de « se dépêcher » et la menace de sa matraque.
« J’ai marché 5 heures en direction de Vintimille, et j’ai longtemps cherché à revenir chez mes amis en Italie.
Pendant un mois, elle ne peut suivre ses cours et RESF 13 nous informe de sa situation. Démarches auprès des avocats, constitution d’un dossier.
Nous sommes allés chercher Fatou à Imperia où ses amis l’avaient amenée afin qu’elle ne subisse pas une nouvelle arrestation.
Nous avons passé la frontière à La Turbie sans encombre. Si Fatou avait pris le train, elle aurait sans doute connu plus d‘ennuis.
Après le péage de La Turbie, en regardant le groupe de policiers, Fatou s’est écriée : « il est là le monsieur qui m’a empêché de rentrer en France le mois dernier ».
Sourires condescendants pour ce fonctionnaire zélé. RESF06