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Liberté de circulation et d’installation pour toute et tous !

À la frontière gréco-turque, la xénophobie et le racisme tuent ! L’Union européenne aussi !

Depuis plusieurs jours, des personnes meurent à la frontière gréco-turque ! Cette situation est la conséquence directe de choix politiques opérés par les dirigeants européens qui voudraient boucler les frontières de l’Union européenne à tout prix, notamment en sous-traitant à des États non européens  l’examen des demandes d’asile et l’encampement des indésirables. Des images insoutenables arrivent quotidiennement, montrant des personnes exilées refoulées ou mises délibérément en danger.

Pour empêcher leur entrée en Europe, la police et l’armée grecques, rejointes par une partie de la population ainsi que par des mouvements fascistes, ont déployé un niveau de violence inédit. En mer comme le long de la rivière Evros, leurs agents barrent la route aux bateaux, provoquent des naufrages, tirent en l’air, blessent et tuent.

Non seulement l’Union européenne ne condamne pas ces actes gravissimes, mais elle les soutient et les encourage :

au lieu de rappeler aux autorités grecques que le droit international comme le droit européen interdisent de refouler à la frontière une personne en demande de protection internationale sans avoir examiné sa situation, le président du Conseil européen salue les efforts des Grecs pour « protéger les frontières de l’Europe », tandis que la présidente de la Commission européenne qualifie la Grèce de « bouclier européen » comme si l’Europe était menacée par un ennemi.

De son côté, l’agence européenne Frontex va déployer une intervention rapide dans la zone, ouvrant un nouveau front de la « guerre aux migrant.es » menée depuis une vingtaine d’années par l’UE à ses frontières.

Une coalition d’organisations contre les violences aux frontières vient de se mettre en place et annonce que des plaintes seront déposées contre la Grèce et l’UE pour les violations des droits des personnes exilé.es fuyant la Turquie. Les États et, derrière eux, les décideurs européens ne doivent pas pouvoir impunément ordonner de telles exactions.

Nous soutenons cette initiative et appelons à des rassemblements de protestation partout où ce sera possible, et à Paris ce XXX mars à 18h30 sur la place de la République, où une projection sera organisée pour dénoncer les violences aux frontières.

Liberté de circulation et d’installation pour toute et tous !
AdN est signataire de cet appel.

Affichage libre à Nice : on a gagné ?

Depuis 2013, l’AdN s’est régulièrement manifestée auprès du Maire afin d’obtenir la réinstallation des panneaux d’affichage libre, seuls structures accessibles aux associations et citoyen/nes. Après plusieurs échanges de courriers infructueux, nous avons finalement eu le plaisir de découvrir une rotonde située sur l’Avenue Saint Jean Baptiste, à l’angle du passage sous le Mamac.


Nous y avons donc apposé quelques affiches – il reste de la place pour les vôtres ! Dans le respect de la communication des autres, cela va sans dire…

Pour les épisodes précédents, rendez-vous ici !

1993 : CONTRIBUTION D’ANDRÉ TOSEL POUR AdN

Andre Tosel – crédit : Les Amis de la Liberté

Lorsque l’AdN a été créée en novembre 1991, de nombreuses personnalités nous ont soutenus, à travers divers textes ou oeuvres. Nous reproduisons ci-dessous une contribution d’André Tosel, datée du 30/12/1993.

  • On ne peut que saluer l’opportunité des initiatives prises par l’A.D.N. La défense de la démocratie passe bien par la lutte contre les idées et la stratégie de passage pacifique à un néo-fascisme  développées par le Front National. Il importe que Nice et les Alpes Maritimes ne deviennent pas le banc d’essai grandeur nature d’une politique nationaliste et raciste, et que l’héritage vénéneux de décennies de médecinisme ne trouve dans le F.N. la suite logique de son incivisme radical.
  • Mais alors se pose la question des objectifs et des conditions de réussite de cette lutte. La gravité de la crise traversée par la société française et les formes particulières qu’elle prend à Nice et dans notre région exigent que le consensus minimal anti Front National soit le plus riche possible. Si l’on veut que les politiques d’exclusion ou autre purification ethnique soient rendues impossibles, il faut frapper les causes qui les engendrent et non se borner à combattre leurs effets. Un rassemblement préélectoral n’est pas nécessairement une mauvaise chose, mais il épuise vite ses vertus et il risque aussi d’accréditer bien des équivoques.
  • Pourquoi le Front National a pu se développer au-delà des
    Contribution d’Arman pour notre exposition « Ces étrangers qui ont fait la gloire de Nice » en 1993.

    nostalgiques du vichysme ou des déçus de la décolonisation ? Pourquoi un courant composite et ultra-minoritaire est-il devenu une force nationale et a-t-il pu abuser de simples gens qu’il serait erroné et dangereux de criminaliser à priori pour s’être laissés séduire par la démagogie lepéniste ? Sans rentrer dans les analyses trop complexes, il faut ici rappeler quelques traits de notre conjoncture pour comprendre et pour mieux lutter. – La guerre économique qui ravage le monde et qui se mène sous le nom édulcoré de modernisation économique, avec sa recherche nihiliste du profit pour le profit, demeure la cause lointaine réelle de la crise qui conduit dans le centre riche et civilisé de l’économie-monde capitaliste à détruire plus d’emplois qu’à en créer, à jeter dans le désarroi des quantités croissantes d’hommes et de femmes. La même guerre produit les mécanismes qui contraignent à déstabiliser les cadres de l’État-nation, à faire circuler avec les capitaux les travailleurs étrangers des pays de la périphérie, après avoir rendu la vie et le travail impossibles à ces mêmes travailleurs. Du même coup elle modifie la composition de la population laborieuse et met objectivement en concurrence ces immigrés que la misère transforme en importés volontaires avec les travailleurs nationaux. Loin de d’unir contre les mécanismes économiques qui les exploitent en les dressant les uns contre les autres et contre les étrangers, les travailleurs nationaux sont portés spontanément par cette logique perverse à utiliser la citoyenneté française pour ce qu’elle devient objectivement et contradictoirement et monstrueusement : un nouveau privilège. L’ethnicisation des différences culturelles existantes s’inscrit comme un moyen de soumission des travailleurs. La lutte contre le F.N. passe par des pratiques solidaires pour une modification des mécanismes économiques et sociaux et pour une citoyenneté multiculturelle déconnectée de la seule nationalité.

  • Contribution de Ben pour notre exposition « Sommes-nous des barbares » en 2001.

    C’est là le terreau que le F.N. exploite en s’appuyant sur les ressorts des identifications imaginaires et en tendant le miroir d’une ethnicité fictive comme source de sécurité pour les identités sociales en péril. Mais il faut aller un peu plus loin. Le F.N. espère dévoyer le malaise des chômeurs ou des exclus ou des vaincus “nationaux” de la modernisation dans un mouvement fondé sur un nationalisme raciste ou sur un racisme national. Mais il entraine une partie (à analyser) des couches dominantes, du monde de l’entreprise ou de certains appareils d’État. Il tente de souder dans le même “front” des éléments hétérogènes. C’est ici que la partie qui se joue à Nice peut être instructive. Le médecinisme en effet a en quelque sorte constitué une répétition générale, localement circonscrite, de cette alliance entre populisme identitaire (même si l’ethnicité niçoise relève heureusement plus du gadget que la purification ethnique) et affairisme mêlant capital local et capital transnational. Médecin s’est souvent vanté d’avoir devancé Le Pen, et ce dernier trouve à Nice un terrain bien préparé où néolibéralisme économique, racisme, populisme scellent leur union sacrée. Les dégâts causés par ce vrai système de domination économico-politique qu’à été le médecinisme sont incommensurables. L’état de déliquescence des partis traditionnels de la gauche, les ambigüités de la droite locale tentée de faire du médecinisme sans Médecin, de soutenir en fait les idées de Le Pen en évitant de se compromettre avec le personnage, constituent une conjoncture dangereuse. Il est préoccupant de constater que la fin honteuse du médecinisme officiel n’ait été accompagnée ni suivie d’un mouvement civique d’envergure et qu’une équipe corrompue et moralement finie ait pu se survivre dans l’indifférence. La lutte contre Le Pen coïncide à Nice avec la lutte contre les restes du système Médecin. Elle exclut les alliances équivoques avec les transfuges qui cherchent à faire oublier leurs idées ou leurs pratiques. Positivement, elle passe par un mouvement civique au sens le plus élémentaire du terme, par l’affirmation du bien public, par la constitution de réseaux de solidarité avec les exclus, par le combat contre le clientélisme et l’affairisme, par un rassemblement de ce qui reste de forces civiles dans une ville qui plus que bien d’autres risque de devenir la ville sans citoyens.

Bref, le temps n’est plus pour l’énoncé généreux des droits de l’homme, ni pour les fausses évidences de l’engagement humanitaire. Il est celui de la production des conditions effectives de ces droits. Il est celui de la politique au sens fort. Aujourd’hui la démocratie ne pourra pas être simplement défendue contre le F.N. ou le médecinisme ou ses restes. Elle ne vivra qu’élargie aux non nationaux vivant sur le même sol et dans le combat pour l’inclusion du plus grand nombre, dans des conditions de vie digne, dans le partage des singularités. Si elle ne même pas ce combat pour sa transformation, elle périra. Qui n’avance pas recule. À Nice comme ailleurs. À Nice plus qu’ailleurs.

André Tosel