Derrière les chiffres de 2020, poursuite politique migratoire restrictive pendant la pandémie

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DE LA CIMADE
22 janvier 2021

Le ministère de l’Intérieur a publié les premières statistiques concernant l’immigration et l’asile en 2020. La baisse spectaculaire des délivrances de visas et de titres de séjour comme celle des demandes d’asile s’explique en grande partie par la crise sanitaire.

Le ministère de l’Intérieur a publié les premières statistiques concernant l’immigration et l’asile en 2020. La baisse spectaculaire des délivrances de visas et de titres de séjour comme celle des demandes d’asile s’explique en grande partie par la crise sanitaire. Mais la poursuite d’une politique migratoire restrictive a généré de multiples atteintes aux droits des personnes étrangères. De nombreuses voix dont celle de La Cimade se sont élevées pendant l’année pour demander au Gouvernement de lancer une vaste campagne de régularisation et de suspendre sa politique d’enfermement et d’expulsion. Elles n’ont pas été entendues. Cette pandémie associée à la politique actuelle a malheureusement pour effet de précariser davantage les personnes étrangères, et cela en métropole comme en Outre-mer.

Sans surprise, la fermeture des frontières décidée en mars et le fonctionnement réduit des préfectures et de l’Ofpra ont entraîné un effondrement du nombre de visas d’entrées, des titres de séjour délivrés et une baisse importante des demandes d’asile. Le nombre de visas délivrés est en effet passé de 3,5 millions à 712 000, celui des premiers titres de séjour de 277 406 à 220 535 et celui des demandes d’asile enregistrées de 143 000 à 93 416.

Derrière ces chiffres, La Cimade a constaté en 2020, dans son rôle d’accompagnement sur le terrain des personnes étrangères, la persistance et parfois l’aggravation des violations des droits fondamentaux des personnes étrangères. 

A nos frontières, les violations se sont poursuivies tout au long de l’année. Les privations de liberté ont continué dans des conditions indignes. Les autorités françaises ont aussi continué à refouler des personnes, notamment vers l’Italie, même lorsque le pays était l’un des épicentres de la pandémie. Et cela à l’encontre d’une décision récente du Conseil d’État qui a sanctionné ces pratiques.

La fermeture complète des préfectures puis leur réouverture partielle, associée à la difficulté pour obtenir un rendez-vous sur internet et à l’obligation de déposer des demandes de façon dématérialisée, a conduit à cette chute du nombre de titres de séjour délivrés. Et malgré les très fortes mobilisations pour demander une large régularisation, le Gouvernement est resté sourd à ces revendications.

En ce qui concerne le droit d’asile, les préfectures ont limité l’enregistrement des demandes et l’Ofpra a allongé ses délais d’instruction, ce qui aura pour conséquence une baisse du nombre de nouveaux réfugiés. Le dispositif d’accueil reste saturé et les personnes qui n’ont pu accéder à une place d’hébergement ont vu leur allocation pour demandeurs d’asile réduite. En Outre-mer, en raison d’un dispositif d’accueil totalement défaillant des centaines de personnes vivent actuellement dans des campements.

Dans les prisons, au contexte carcéral dégradé auquel sont confronté.e.s les détenu.e.s, est venue s’ajouter l’impossibilité pour les personnes étrangères d’un accès au droit, faute de la présence pérenne d’associations ou d’intervenant.e.s juridiques en raison de la crise sanitaire.

L’enfermement en Centres de rétention, qui précède l’expulsion des personnes étrangères, a été largement détourné. Du fait de la fermeture des frontières et de la suspension des vols, les expulsions ont été en effet pratiquement impossibles. Le Gouvernement a dû affréter plusieurs vols avec l’assistance parfois de l’agence Frontex et ce malgré les recommandations de l’Oms visant à limiter l’exportation du virus. Les centres de rétention ont été maintenus ouverts et les personnes enfermées n’ont pas été libérées, malgré les demandes d’associations comme La Cimade ou la Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, de la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté et du Défenseur des droits. Les conditions sanitaires n’y étaient pourtant pas assurées et plusieurs clusters y ont été décelés tout au long de l’année.

La Cimade revendique l’arrêt de cette politique d’enfermement et d’expulsion.
Elle demande la fermeture des centres de rétention administrative. Elle appelle aussi le Gouvernement à modifier profondément la politique migratoire de la France et à régulariser de façon large les personnes étrangères présentes sur son territoire .

 

Manifestation contre la loi « SÉCURITÉ GLOBALE » et les Autres textes liberticides.

Manifestation contre la loi « SÉCURITÉ GLOBALE » et les Autres textes liberticides

Samedi 30 janvier  -14 h à NICE Gare SNCF

Après la manifestation du 16 janvier, La coordination nationale #StopLoiSécuritéGlobale a donné rendez-vous aux défenseur·s.es des libertés dès le dimanche 30 janvier 2021, à Paris, à l’occasion de la Marche blanche en mémoire de Cédric Chouviat.
Nous appelons à de nouvelles Marches des libertés, samedi 16 janvier, partout en France, avant un grand rassemblement, samedi 30 janvier, à Paris. Cette dernière date mêlera les voix des journalistes, documentaristes, réalisateurs et réalisatrices, victimes et familles de victimes de violences policières, associations de droits humains et artistes solidaires du combat contre les lois liberticides.

D’ici là, nous appuierons les actions qui ont pour objectif le retrait des articles 21, 22 et 24 de la proposition de loi dite « Sécurité globale », le retrait du Schéma national du maintien de l’ordre (SNMO) et de toute autre disposition élargissant la surveillance de masse ou faisant reculer le droit à l’information. La coordination nationale #StopLoiSécuritéGlobale continuera à informer sur les conséquences délétères de ces textes, par le biais de clips réalisés par l’équipe vidéo de la coordination, donnant un éclairage juridique et faisant témoigner des victimes de violences policières.

Depuis le premier rassemblement organisé le 17 novembre devant l’Assemblée nationale, notre coordination n’a cessé de s’élargir.  Formée à l’initiative des quatre principaux syndicats de journalistes et de la Ligue des Droits de l’Homme, elle comprend aujourd’hui des associations ou collectifs représentant les métiers de la presse et des médias, et aussi des organisations œuvrant dans le domaine de la justice, des libertés numériques, de la défense de l’environnement ou contre les violences policières et leur impunité.
Dans le même temps, des coordinations locales se sont formées à travers tout le pays et plus de 150 villes ont connu au moins une manifestation contre la proposition de loi « Sécurité globale ».

Malgré une mobilisation de très grande ampleur (500 000 manifestant·e·s en France, le 28 novembre), déployée dans un contexte d’état d’urgence sanitaire et de confinement, le gouvernement et les parlementaires se sont contentés d’effets d’annonce s’agissant de la réécriture de l’article 24 de la proposition de loi « Sécurité globale ». Texte que le Sénat semble vouloir fusionner avec l’article 18 du projet de loi « confortant les principes républicains », précédemment nommée « contre le séparatisme », elle aussi attentatoire à de nombreuses libertés fondamentales.

Ni la commission Delarue sur les rapports entre journalistes et forces de l’ordre ni le « Beauvau de la sécurité » ne sauront nous détourner de notre objectif. Emmanuel Macron n’a toujours pas répondu à notre demande de rendez-vous adressée par courrier et publiée sous la forme d’une lettre ouverte le 14 décembre.
Notre opposition aux dispositifs de surveillance généralisée instaurés par les drones et les caméras piétons, ou à la sélection des journalistes instaurée par le nouveau SNMO n’a pas été entendue. Des décrets parus en décembre étendent les possibilités de fichage de trois fichiers de police et de gendarmerie ; le Conseil d’État, saisi d’un recours en annulation, permet le fichage d’activités prétendument susceptibles d’atteinte à la sécurité publique même si elles font apparaître les opinions politiques ou syndicales, les convictions philosophiques ou religieuses, les données de santé, les habitudes de vie…ou l’activité sur les réseaux sociaux !
Les pressions politiques de policiers se présentant en uniforme et en plein couvre-feu devant les domiciles d’élu·e·s ou devant des tribunaux confirment nos craintes quant à l’instauration d’un véritable État de police par la combinaison du SNMO, de la proposition de loi « Sécurité globale » et du projet de loi « confortant les principes républicains ».

Les lois liberticides sont votées à Paris, mais à Nice nous avons déjà l’appartement témoin
La ville de Nice met à la tête du CSU de Nice, là où converge toute la vidéosurveillance, une « hiérarque de la police municipale et proche du maire » ; elle recrute un directeur de la police municipale jugé incompétent par les tribunaux ; elle nomme « un ancien patron de la police municipale de Nice mis en examen pour association de malfaiteurs ».
A Nice, nous subissons une débauche de technologies intrusives qui ne nous a pas protégés des attentats, alors que « Smart city » poursuit son développement en toute opacité, malgré son projet d’espionnage des « bruits faibles » dans les réseaux sociaux. Nous avons dû nous opposer aux tentatives de nous imposer « Reporty », la « reconnaissance d’émotions » et la reconnaissance faciale dans un lycée.
Pendant le premier confinement, les drones d’une société privée ont survolé illégalement la ville pour repérer les personnes qui ne portaient pas de masque, les apostropher à l’aide d’un haut-parleur et diriger les équipages de la police municipale vers les contrevenants.

Tant que ces textes liberticides ne seront pas abandonnés, nous défendrons sans relâche nos libertés.
La coordination #StopLoiSécuritéGlobale fédère des syndicats, sociétés, collectifs, associations de journalistes et de réalisateurs et réalisatrices, confédérations syndicales, associations, organisations de défense de droits humains, comités de victimes et de familles de victimes de violences policières, collectifs de quartiers populaires, exilé·e·s et Gilets jaunes.

Premiers signataires : AFPS – Alternatiba – ANV.COP21 – ATTAC – DAL – Gilets Jaunes – LDH – Libre pensée 06 – Mouvement de la PAIX – MRAP – Tous Citoyens- Uni.e.s Nice  – CGT Educ’Action 06 – FSU – SAF – Solidaires –UD.CGT – EELV – Ensemble ! – F.I. – Génération’S – NPA – PCF – Rassemblement ViVA!

  L’AdN soutient cette action

TOUTES AUX FRONTIÈRES ! APPEL A UNE ACTION FÉMINISTE EUROPÉENNE A NICE

TOUTES AUX FRONTIÈRES !

APPEL A UNE ACTION FÉMINISTE EUROPÉENNE A NICE

Depuis 2015, la politique européenne de fermeture des frontières a été renforcée et la migration d’autant plus criminalisée. L’espace Schengen ne cesse de renforcer un arsenal répressif à l’égard des personnes contraintes à l’exil. La fermeture des frontières ne fait que développer les économies mafieuses dans lesquelles s’articulent toutes formes de violences faites aux exilé.es. Ces politiques de criminalisation de la mobilité pèsent particulièrement sur les femmes, qui représentent 54% des migrant.e.s en Europe, ainsi que sur les lesbiennes et les personnes trans. Durant sa trajectoire migratoire, toute personne non conforme à l’ordre patriarcal est cible des violences sexistes. Il est grand temps de déployer nos forces pour rendre visible ce qui ne l’est pas.

Nous, féministes habitantes de l’Europe, de toutes les conditions sociales et de tous les âges, quelles que soient nos provenances, nos choix, nos mondes… nous élevons nos voix pour dire « Non ! Vous ne nous représentez pas… Ces politiques ne peuvent être menées en notre nom ! Nous ne voulons plus de vos murailles qui nous entourent ! Non ! Pas en notre nom !» Parce que, comme disait Virginia Wolf, femme de lettre féministe « En tant que femme je n’ai pas de pays. En tant que femme je ne désire aucun pays. Mon pays à moi, femmec’est le monde entier ». Parce que les frontières politiques sont une construction virile et militariste, issues des guerres, des violences, des morts.

Pour rompre avec cette histoire militariste et patriarcale, nous organisons, le 5 juin 2021, une grande action féministe transnationale à Nice, ville stratégique pour la gestion de la frontière Vintimille-Menton. Dans ce lieu symbolique, nous, féministes de tous les pays européens, manifesterons ensemble car les politiques migratoires se font à l’échelle européenne : c’est aussi à cette échelle que nous ripostons.

Des événements culturels accompagneront notre manifestation, organisée et représentée par des féministes, femmes, lesbiennes, personnes trans. Toute personne est bienvenue pour participer, pour contribuer, pour aider à la logistique et nous soutenir dans cette démarche émancipatrice.

A l’issue de la rencontre féministe européenne « Femmes, migrations, refuges », du 27 au 29 septembre 2019 à Genève, à l’initiative de la Marche Mondiale des Femmes / Suisse, pas moins de 263 militantes s’étaient retrouvées pour donner corps à un réseau européen féministe de résistances. Ensuite, le réseau s’est élargi et a renforcé notre détermination. Nous vous invitons à nous rejoindre et à enrichir notre belle action. Avec votre présence, votre parole, votre créativité…

Nos différentes positions, sources d’influences, sensibilités féministes ne sauraient être un frein à nos convergences autour de cette action collective qui se fera dans la plus grande transparence.

Souhaitez-vous faire partie de l’organisation ?

Pourriez-vous apporter un soutien officiel ? Un soutien financier ?

Pourriez-vous créer des collectifs locaux pour co-organiser cette action et préparer vos venues, proposer des activités de toutes sortes : créer, penser, chanter, danser le monde comme nous le rêvons ?

Nous attendons impatiemment vos réponses, à envoyer à toutesauxfrontieresfr@gmail.com .

La mer de nos rêves est immense. Elle ignore les frontières !

L’Assemblée PACA-LIGURIE « Toutes aux Frontières »

AdN est membre de l’organisation